Exposition prolongée et photographie de l’eau - tutoriel détaillé pour les utilisateurs avancés
Pour obtenir des photos magiques et fluides de chutes d’eau et de rivières, il est essentiel de disposer d’un bon équipement et de techniques adaptées, explique le photographe de paysages Scott Antcliffe.
Photographier l’eau en utilisant une exposition prolongée crée ces images oniriques et éthérées, où l’eau bruissante se transforme en une surface soyeuse et lisse, tandis que le paysage environnant reste parfaitement net. Vous voulez maîtriser la photographie de l’eau ? Voici comment procéder.
Ici, je voulais donner une sensation de rapidité, car l’eau coulait assez rapidement à cet endroit. Je voulais fournir un contexte, intégrer l’environnement, et j’ai également utilisé le chemin sur le côté comme ligne directrice. J’aime beaucoup que le pont soit un point focal. Aucun filtre n’a été utilisé pour cette photo. Z9 + NIKKOR Z 14-24mm f/2.8 S, 14 mm, 0,5 s, f/22, 40 ISO, ©Scott Antcliffe
Priorité à la composition
Avant même de penser aux réglages, réfléchissez bien à votre composition. Recherchez des lignes directrices fortes, des éléments intéressants au premier plan (rochers, feuillage, reflets) et un équilibre au sein de la scène. Les éléments statiques du cadre sont tout aussi importants que l’eau floutée. Essayez différentes perspectives : rapprochez-vous du sol, trouvez un point de vue plus en hauteur et déplacez-vous pour mettre à jour la composition la plus attrayante.
Gardez un œil sur les points d’entrée et de sortie de l’eau dans le cadre, car ces derniers peuvent constituer des ancrages visuels naturels.
Avec cette photo, j’ai voulu une fois de plus montrer le mouvement rapide de la cascade. J’ai utilisé les rochers pour le premier plan et j’ai veillé à ce que l’eau traverse la scène de gauche à droite. Aucun filtre n’a été utilisé pour cette photo. Z9 + NIKKOR Z 14-24mm f/2.8 S, 24 mm, 0,6 s, f/22, 40 ISO, ©Scott Antcliffe
Maîtriser la configuration et les réglages
Le secret pour obtenir de belles photos d’eau avec une exposition prolongée réside dans une configuration méticuleuse et des réglages précis de l’appareil photo :
1. La stabilité est primordiale : tout mouvement au cours d’une exposition prolongée entraînera un flou indésirable sur l’ensemble du cadre, et pas seulement au niveau de l’eau. L’utilisation d’un trépied solide est incontournable. Veillez à ce que tous les pieds soient fermement fixés et envisagez de le lester avec votre sac photo ou un poids dédié, en particulier en cas de vent. Si vous travaillez sur un sol irrégulier, prenez des précautions supplémentaires pour sécuriser le trépied.
2. Précision de la mise au point manuelle : les systèmes autofocus peuvent parfois rencontrer des difficultés avec les sujets statiques lors des expositions prolongées, en particulier lors de l’utilisation de filtres à densité neutre (ND), qui peuvent assombrir le viseur. Passez en mise au point manuelle et faites la mise au point sur l’élément clé du premier plan ou sur un point d’intérêt de la scène. Une fois la mise au point verrouillée, veillez à ne pas ajuster accidentellement le bague de mise au point. Si vous recommencez ensuite la composition, vérifiez à nouveau que la mise au point est correcte.
3. Choisir la bonne ouverture : bien que l’effet de l’exposition prolongée soit principalement contrôlé par la vitesse d’obturation, l’ouverture joue toujours un rôle important. Pour les photographies de paysages, une ouverture moyenne (généralement entre f/8 et f/16) offre souvent un bon équilibre entre la profondeur de champ et la netteté de l’image. Tenez compte de la scène dans son ensemble et effectuez vos ajustements en conséquence. Si vous souhaitez une faible profondeur de champ pour isoler un élément de premier plan sur une étendue d’eau floue, une plus grande ouverture peut être envisageable. Faites néanmoins attention à la réduction de la zone de netteté.
4. Comprendre la sensibilité (ISO) : maintenez votre sensibilité (ISO) aussi basse que possible (généralement 100 ou 64 ISO, en fonction de la sensibilité (ISO) de base de votre appareil photo) afin de minimiser le bruit dans vos images. Étant donné que vous utiliserez un trépied et éventuellement des filtres ND pour prolonger le temps d’exposition, il n’est pas nécessaire d’augmenter la sensibilité (ISO) pour obtenir des images plus lumineuses.
Sur cette photo, j’ai de nouveau fait couler l’eau du coin inférieur gauche vers le coin supérieur droit. J’ai également utilisé l’arbre et les rochers à l’extrême droite pour les besoins du cadre. J’ai utilisé un Big Stopper (10 niveaux) et un polarisant circulaire de Lee. Z9 + NIKKOR Z 24-70mm f/2.8 S, 27,5 mm, 30 s, f/11, 125 ISO, ©Scott Antcliffe
5. La vitesse d’obturation décisive : c’est ici que la magie opère. La vitesse d’obturation idéale pour une eau lisse et fluide dépend de la vitesse et du volume du flux d’eau et de l’esthétique souhaitée. L’expérimentation est essentielle, mais pour une eau qui s’écoule rapidement, une vitesse comprise entre 1/2 et 2 secondes constitue un bon point de départ. Pour les rivières et les chutes présentant un débit plus modéré, 2 à 10 secondes créeront un effet laiteux classique.
6. Filtres à densité neutre (ND) – votre contrôle de l’exposition : pour obtenir de longs temps de pose (vitesses d’obturation lentes) en plein jour, vous aurez besoin de filtres ND pour réduire la quantité de lumière entrant dans votre objectif. Ces filtres existent en différentes puissances, désignées par leur densité optique ou une réduction de la valeur f/ (par exemple, ND4, ND8, ND1000). Plus la valeur est élevée, plus l’exposition est longue. J’utilise généralement une valeur de 6 ou 10 pour obtenir un effet laiteux et éthéré.
7. Mesure avec des filtres ND : avec un filtre ND puissant en place, le posemètre intégré de votre appareil photo risque d’être imprécis. Mesurez d’abord la scène sans le filtre, en notant la vitesse d’obturation suggérée. Ensuite, utilisez la valeur f/ du filtre pour calculer le temps de pose nécessaire. Par exemple, si votre posemètre suggère 1/60e de seconde sans filtre ND à 10 vitesses, votre temps de pose sera de 10 secondes environ (1/60 -> 1/30 -> 1/15 -> 1/8 -> 1/4 -> 1/2 -> 1 -> 2 -> 4 -> 8 -> 16 – environ 10 vitesses). De nombreuses applications pour smartphone telles que Lee Stopper exposition, Photo Friend, Perfect Exposure et Lightmate sont disponibles pour vous aider à effectuer ces calculs.
8. Système de déclenchement à distance ou retardateur : pour éliminer tout bougé d’appareil dû à la pression sur le déclencheur, utilisez un système de déclenchement à distance, l’application Nikon SnapBridge ou le retardateur de l’appareil photo (2, 5 ou 10 secondes).
Équipement indispensable pour photographier l’eau avec une exposition prolongée
Outre le trépied, les filtres ND et le système de déclenchement à distance mentionnés ci-dessus, j’emporte également quelques chiffons pour objectif, des bottes et des pantalons imperméables, et j’utilise parfois un polariseur. Le filtre polarisant est pratique, car il réduit les reflets sur les roches humides et améliore la saturation. Il réduit également la lumière, ce qui implique l’utilisation d’un filtre ND moins puissant ou une exposition plus longue.
Dans cette photo, j’ai opté pour une sensation laiteuse, mais j’ai voulu photographier de façon plus resserrée en orientant l’objectif vers le bas et en ajoutant de la compression, afin de donner au spectateur l’impression d’être dans l’eau. Je trouve que la composition fonctionne bien avec l’écoulement de l’eau au centre de la photo. J’ai utilisé un Big Stopper (10 niveaux) et un polarisant circulaire de Lee. Z9 + NIKKOR Z 24-70mm f/2.8 S, 49 mm, 30 s, f/11, 400 ISO, ©Scott Antcliffe
Améliorations subtiles en post-production
Bien que l’objectif soit de saisir une image forte dans l’appareil photo, une post-production étudiée peut améliorer les photos d’eau réalisées avec une exposition prolongée :
- Réglages de base : commencez par les réglages de la balance des blancs, de l’exposition, du contraste et des ombres et lumières dans votre logiciel de retouche préféré.
- Accentuation : appliquez une accentuation sélective aux éléments statiques de votre photo pour améliorer les détails, tout en évitant d’accentuer l’eau floutée.
- Correction des couleurs et saturation : réglez les couleurs pour obtenir un aspect naturel et agréable. Attention à ne pas effectuer de saturation excessive.
- Filtres gradués et éclaircissement/assombrissement : utilisez ces outils pour équilibrer subtilement l’exposition sur les différentes parties de l’image, en améliorant les détails dans les zones sombres ou en atténuant les hautes lumières trop vives.
- Réduction du bruit : si vous remarquez du bruit dans vos photos soumises à une exposition prolongée (en particulier dans les zones sombres), appliquez une réduction subtile du bruit.
La photographie de l’eau en exposition prolongée est incroyablement gratifiante, mais elle nécessite un peu de patience et d’expérimentation. L’essentiel est d’apprécier le processus permettant de restituer la beauté de la scène et de profiter de l’environnement naturel.
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